Prix des propriétés à vendre: des fluctuations à venir
L’incertitude plane sur le marché immobilier. Des diminutions de prix sont à prévoir au cours des prochains mois, disent des experts, qui ne s’entendent pas sur l’ampleur des fluctuations à venir.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) avance dans un rapport publié au mois de mai que les prix des propriétés au Québec chuteront de 6 à 11 % d’ici la fin de l’année 2020, par rapport à la période précédant la pandémie. L’évolution de celle-ci déterminera si la baisse sera limitée ou plus importante, indique la société d’État.
L’optimisme est davantage de mise du côté du Mouvement Desjardins, qui base ses prévisions sur l’hypothèse voulant que la première vague de la pandémie ait entraîné une pause majeure de l’économie et que les prochaines donneront lieu à des fermetures plus ciblées. Selon l’institution financière, les prix des propriétés vendues progresseront de 2,5 % au terme de l’année 2020, mais, d’ici là, ils pourraient connaître un recul d’au plus 5 % pendant un ou deux trimestres.
«Sur l’ensemble de l’année, on ne prévoit pas de baisse des prix», explique l’économiste principale du Mouvement Desjardins, Hélène Bégin, qui garde à l’œil le niveau de confiance des ménages et le taux de chômage pour établir de telles prévisions. Elle souligne que 2020 a commencé en lion avec des hausses de prix atteignant près de 10 % au premier trimestre, particulièrement dans la région de Montréal. Si celle-ci a profité de la vigueur du marché immobilier jusqu’au mois de mars dernier, elle subit davantage les contrecoups de la pandémie.
«Les propriétés s’envolaient vite [à Montréal avant le début de la pandémie] et il n’y avait pas de choix, mentionne Hélène Bégin. Le fait qu’il y ait moins de demandes et moins de choix donne un peu plus de pouvoir aux acheteurs, mais ça ne va pas durer.»
Le marché montréalais continue malgré tout d’être à l’avantage des vendeurs, d’après la présidente de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), Julie Saucier. L’organisation qu’elle représente précise qu’une baisse des prix d’environ 2 % est envisageable dans la métropole, considérant qu’elle a fortement subi les impacts du ralentissement économique engendré par la pandémie.
Dans le reste du Québec, l’APCIQ s’attend à ce que les prix des propriétés demeurent plutôt stables d’ici la fin de l’année 2020, surtout dans des villes comme Gatineau et Québec, qui comptent beaucoup de fonctionnaires parmi ses résidents et qui ont été moins touchées par les pertes d’emploi que Montréal.
Nervosité des vendeurs et des acheteurs
Par rapport à la même période l’an dernier, il y a beaucoup moins d’inscriptions de propriétés nouvellement mises en vente au Québec. Au mois d’avril, la chute atteignait 75 %, d’après l’APCIQ. Le nombre total de ventes immobilières a, pour sa part, reculé de 63 %.
«Présentement, ce sont des gens qui ont besoin de vendre qui inscrivent leur propriété, constate Julie Saucier. Beaucoup de gens préfèrent attendre. Ils sont craintifs à l’idée de faire visiter leur maison.»
Le fait que bien des consommateurs aient décidé de reporter la vente de leur propriété a permis de limiter l’offre au mois d’avril et, du même coup, de maintenir les prix, d’après Hélène Bégin.
Du côté des acheteurs, la nervosité est également palpable. Puisqu’il y a moins de propriétés offertes sur le marché, ils négocient beaucoup moins le prix de la résidence convoitée, craignant qu’un autre mette la main dessus, d’après Julie Saucier.
À quand la reprise?
L’APCIQ s’attend à ce que le marché immobilier fonctionne au ralenti pour le reste de l’année 2020. La reprise aura lieu seulement en 2021, selon elle, notamment en raison du risque d’une deuxième vague de la pandémie. Qui plus est, l’automne coïncidera avec la fin des mesures d’urgence instaurées par les institutions financières permettant le report des paiements hypothécaires.
«À l’automne, ce sera le vrai test, mentionne pour sa part Hélène Bégin. Il y a un sursis présentement avec tous les programmes d’aide financière pour les entreprises et les particuliers.»
Il est possible qu’à l’automne, davantage de propriétés soient mises en vente puisque des ménages, qui ont profité de la pause de paiements hypothécaires, continueront d’éprouver des difficultés financières, d’après le Mouvement Desjardins. Le cas échéant, si le niveau de confiance des consommateurs demeure au plus bas, les prix diminueront
Quant à la SCHL, elle prévoit que le marché immobilier reprendra du poil de la bête au quatrième trimestre de 2020, selon un scénario optimiste. Sinon, dans une perspective plus pessimiste, il faudra patienter jusqu’au milieu de 2021. «Le moment précis et la durée de la reprise sont très incertains, car nous ne connaissons pas encore l’évolution future du virus», indique la société d’État dans son rapport.
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